Port-au-Prince, Haïti – Elionor Devaillon, ancien directeur général de la Caisse d’Assistance Sociale (CAS), a reconnu lors de son audition avoir entretenu des liens avec plusieurs chefs de gangs opérant dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Ces révélations surviennent après son arrestation, survenue alors qu’il était encore en fonction. Il a depuis été remplacé à la tête de l’institution.
Selon ses déclarations, les contacts remontent à 2015, période où il briguait un siège de député pour la deuxième circonscription de Port-au-Prince. Des preuves matérielles, dont des noms retrouvés dans son téléphone portable, confirment la nature de ces relations. L’aveu de Devaillon soulève de vives inquiétudes quant à l’infiltration du pouvoir étatique par des éléments liés à des structures criminelles.
L’enquête a également mis au jour d’autres faits troublants impliquant des membres de sa sécurité rapprochée. Deux policiers affectés à sa protection, Peterson AUGUSTIN et Pierre Paul BALAN, sont accusés de détenir des armes illégales dont ils ne peuvent justifier la provenance. Ils sont soupçonnés d’être membres d’un gang dirigé par Ezéchiel ALEXANDRE, figure notoire de la criminalité organisée dans la capitale.
Des messages interceptés confirment leur implication présumée dans un réseau de trafic d’armes et de munitions, un réseau qui pourrait s’étendre à des niveaux élevés de l’appareil sécuritaire.
Par ailleurs, l’inspecteur divisionnaire Menmnon Miguel, responsable adjoint du commissariat de Port-au-Prince, est également cité dans l’affaire. Des témoignages recueillis le désignent comme un acteur clé dans ce même réseau de trafic, ce qui met en cause l’intégrité de certaines franges des forces de l’ordre.
Ce scandale vient une fois de plus démontrer la porosité entre l’État et les gangs armés, dans un contexte où les institutions haïtiennes peinent à restaurer la confiance et à faire régner l’ordre.