Depuis ce lundi 28 avril 2025, la commune de Carrefour vit au rythme des décisions d’un chef de gang opérant entre Ti Bwa et Fontamara. Celui-ci a décrété trois journées de grève forcée, exigeant l’arrêt complet du transport en commun (taptaps, motos, etc.) ainsi que la fermeture des institutions publiques et privées. Seuls les hôpitaux sont exceptionnellement autorisés à fonctionner.
La mesure a été immédiatement respectée : les rues sont désertes, les commerces fermés, et aucune activité économique n’est observée. Plus grave encore, cette décision arbitraire a été accompagnée d’une demande de remplacement du maire principal de la ville, qui, sous pression sécuritaire, a présenté sa démission.
Ce nouvel épisode démontre une fois de plus l’effondrement de l’autorité de l’État haïtien, incapable de garantir un minimum de sécurité ou de maintenir l’ordre public sur son propre territoire. Les groupes armés s’érigent désormais en véritables forces politiques locales, dictant leur volonté aux citoyens et aux institutions, sans crainte de représailles.
La situation à Carrefour s’inscrit dans un phénomène plus large d’expansion territoriale des gangs en Haïti, où des pans entiers du territoire échappent au contrôle de l’État. Ce climat d’insécurité généralisée ne fait qu’aggraver la crise humanitaire, économique et politique qui frappe déjà lourdement le pays.