
Alors que la lutte contre la violence armée s’intensifie en Haïti, les forces de l’ordre continuent de payer un lourd tribut. De nombreux policiers haïtiens ont perdu la vie faute de soins rapides lors des missions sur le terrain. Pourtant, la prise en charge des policiers blessés ne semble pas être une priorité pour tous.
Le lundi 24 mars 2025, le Commandant en Chef de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité en Haïti (MMSS-H), Godfrey Otunge, a reçu un lot de 1 000 kits de premiers secours de la part de l’Allemagne. Une initiative louable qui vise à renforcer la capacité d’intervention des forces déployées dans le pays. Mais cette dotation met en lumière une question cruciale : qu’en est-il des policiers haïtiens ?
Un système de santé défaillant pour les forces de l’ordre
Depuis des années, les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) font face à un manque criant de ressources, tant sur le plan opérationnel que médical. Lorsqu’un policier est blessé en mission, son évacuation et sa prise en charge dépendent souvent des moyens du bord. Dans bien des cas, l’absence de soins d’urgence conduit à des décès évitables.
Contrairement aux membres de la mission multinationale, qui bénéficient d’un appui logistique et médical de leurs pays d’origine, les policiers haïtiens doivent composer avec un système de santé fragile, des hôpitaux en crise et une quasi-inexistence de centres de premiers secours adaptés aux interventions de terrain.
Deux poids, deux mesures ?
L’arrivée des kits de premiers secours pour la force multinationale est un signal fort du soutien international à cette mission. Cependant, elle illustre aussi une disparité choquante : la PNH, institution pourtant en première ligne dans la lutte contre l’insécurité, ne bénéficie pas du même niveau d’attention et d’équipement.
Cette situation soulève des interrogations sur l’engagement réel des autorités à protéger leurs propres forces de l’ordre. Pourquoi les policiers haïtiens ne reçoivent-ils pas le même type de matériel médical ? Quelles mesures sont mises en place pour assurer leur survie en cas de blessure grave ?
Des solutions possibles, mais une volonté politique absente
Pour remédier à ce problème, plusieurs solutions pourraient être envisagées :
1. La dotation systématique de kits de premiers secours aux unités de la PNH, afin que chaque patrouille dispose du matériel nécessaire en cas d’urgence.
2. L’établissement d’un service médical d’urgence dédié aux forces de l’ordre, avec des ambulances et du personnel formé à la prise en charge rapide des policiers blessés.
3. Un partenariat entre la PNH et les hôpitaux publics et privés, pour garantir un accès immédiat aux soins aux agents blessés.
4. Un plaidoyer international pour obtenir des équipements médicaux d’urgence pour la PNH, tout comme cela a été fait pour la force multinationale.
La question de la protection des policiers haïtiens ne peut plus être reléguée au second plan. Si les autorités ne prennent pas des mesures concrètes pour assurer leur survie, la PNH risque de s’affaiblir davantage, et avec elle, toute tentative de rétablissement de la sécurité en Haïti.
Alors que la communauté internationale investit dans la mission multinationale, il est impératif de rappeler que la stabilité d’Haïti ne pourra se construire sans une police nationale forte, bien équipée et protégée. La vie des policiers haïtiens ne devrait pas être une variable d’ajustement dans cette crise sécuritaire qui perdure.