
La situation des migrants haïtiens en République Dominicaine est depuis plusieurs années source de tensions et de dénonciations. Mais un récent article du journal espagnol El País, publié en mai 2025, apporte un éclairage particulièrement alarmant sur des pratiques extrêmes de violence sexuelle à l’encontre de femmes haïtiennes. Ces révélations soulignent une problématique plus vaste : l’absence de réaction des autorités haïtiennes face aux abus systématiques contre leurs citoyens à l’étranger.
Selon El País, plusieurs femmes haïtiennes en situation irrégulière en République Dominicaine auraient été violées par des agents de l’immigration et des militaires dominicains. Ces agressions seraient devenues, dans certains cas, un « passe-droit sordide » pour éviter une expulsion immédiate. Le journal précise que ces actes ne sont ni isolés ni nouveaux, mais qu’ils s’inscrivent dans un climat de violence institutionnelle tolérée, sinon couverte.
Ce type de traitement constitue une violation manifeste des droits humains, contraire aux conventions internationales que la République Dominicaine est pourtant censée respecter. La gravité de la situation ne tient pas seulement à l’acte criminel en soi, mais également à l’inaction des institutions concernées : le gouvernement dominicain semble minimiser, voire ignorer, les exactions commises par ses agents, tandis que le gouvernement haïtien reste muet.
L’absence de réaction officielle de la part du ministère haïtien des Affaires étrangères ou du ministère des Haïtiens vivant à l’étranger est préoccupante. Elle laisse entendre une forme de résignation institutionnelle, voire une indifférence politique, dans un contexte où les victimes ont plus que jamais besoin d’un soutien étatique et diplomatique.
Ce silence diplomatique, au-delà de sa portée symbolique, affaiblit davantage la position des Haïtiens en République Dominicaine, déjà stigmatisés, marginalisés et exposés à toutes sortes d’abus. Il contribue également à banaliser la violence sexuelle comme outil de coercition, dans un contexte migratoire particulièrement tendu.
Face à ces accusations gravissimes, les autorités haïtiennes se doivent d’agir. Une enquête indépendante, un appel à l’ONU, ou une médiation régionale via la CARICOM seraient des pistes immédiates à explorer. Car se taire, c’est laisser faire.
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