
L’aéroport international Antoine-Simon des Cayes, censé être une infrastructure stratégique pour le développement du Grand Sud haïtien, suscite de nombreuses interrogations quant à son coût et sa conformité aux standards internationaux. Alors que des investissements massifs ont été réalisés depuis sa construction en 2005, son état actuel ne semble toujours pas répondre aux exigences d’un véritable aéroport international.
Un projet aux coûts élevés
La construction initiale de l’aéroport a été financée par le gouvernement haïtien en 2005. En 2013, des travaux d’extension ont été engagés pour un montant de 26,6 millions de dollars, confiés à l’entreprise dominicaine Estrella. Plus récemment, en 2024, une pétition a conduit à une nouvelle modernisation estimée à 30 millions de dollars, portant le coût total des travaux à 56,6 millions de dollars.
Le 5 mars 2025, l’aéroport a officiellement été classé en catégorie 3B, lui permettant d’accueillir des vols internationaux. Cette modernisation, réalisée en seulement dix jours grâce à un partenariat public-privé, a été présentée comme une avancée majeure pour la région.
Toutefois, des doutes subsistent quant à la viabilité réelle de cet investissement. Selon certaines estimations, le coût total des différentes phases de construction et de modernisation pourrait en réalité atteindre 113,2 millions de dollars, un montant considérable pour un aéroport qui peine toujours à satisfaire les exigences internationales.
Des infrastructures en deçà des standards internationaux
Comparé aux projets aéroportuaires de la République dominicaine, le coût de l’aéroport Antoine-Simon semble disproportionné par rapport aux résultats obtenus. Par exemple, la modernisation de l’aéroport Las Américas à Saint-Domingue a nécessité 250 millions de dollars, incluant des améliorations majeures sur les terminaux, le fret et les services aux passagers. L’aéroport de Bávaro, en construction, est estimé à 200 millions de dollars pour une infrastructure bien plus moderne et performante.
Malgré les sommes investies, l’aéroport Antoine-Simon n’offre toujours pas les équipements et services essentiels d’un véritable aéroport international. Des questions se posent sur la qualité des infrastructures, la sécurité des vols, la capacité d’accueil et la rentabilité économique d’un tel projet.
Une nécessité de transparence et de planification
Si l’aéroport Antoine-Simon a le potentiel de dynamiser le développement du Grand Sud, il est impératif d’évaluer l’efficacité des investissements réalisés et de s’assurer qu’ils répondent réellement aux besoins du pays. L’absence de transparence dans l’attribution des marchés, la rapidité d’exécution des travaux et le manque de conformité aux standards internationaux sont autant de préoccupations qui doivent être adressées.
Plutôt que d’accumuler des dépenses sans résultats concrets, Haïti doit adopter une approche plus rigoureuse dans la planification de ses infrastructures aéroportuaires. Une meilleure gestion des ressources et une vision stratégique claire permettront d’éviter des projets coûteux mais inefficaces, et d’assurer un développement réellement bénéfique pour la population haïtienne.