
Les délégations russe et ukrainienne se retrouvent ce lundi à Istanbul pour de nouveaux pourparlers directs, sous médiation turque, dans l’espoir de poser les bases d’un règlement à un conflit qui dure depuis février 2022. Si les deux camps sont invités à présenter leur vision pour mettre fin à la guerre, les positions demeurent toujours fortement opposées.
Les revendications de Moscou : une paix à ses conditions
Depuis le début de l’invasion, Vladimir Poutine campe sur des exigences maximalistes. Pour Moscou, toute solution durable passe par la reconnaissance des « causes profondes » du conflit, en tête desquelles figure l’ambition de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN – perçue par la Russie comme une menace existentielle.
La Russie exige également la reconnaissance internationale de l’annexion de quatre régions ukrainiennes qu’elle contrôle partiellement (Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia), ainsi que de la Crimée, annexée en 2014. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a récemment insisté sur le caractère « impératif » de cette reconnaissance pour parvenir à la paix.
Parmi les autres conditions posées par Moscou : l’arrêt immédiat des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, l’élimination des groupes ultranationalistes ukrainiens, et même la création d’une « administration transitoire » supervisée par l’ONU, excluant le président Volodymyr Zelensky, dont la légitimité est contestée par le Kremlin.
Kiev: l’intégrité territoriale non négociable
Du côté ukrainien, toute concession territoriale constitue une ligne rouge. Après plus de dix ans de guerre, de sacrifices humains massifs et de destruction, l’opinion publique ukrainienne demeure fermement opposée à l’abandon de ses frontières telles qu’elles existaient à l’issue de l’URSS en 1991.
Volodymyr Zelensky a exprimé une position ferme : retrait total des troupes russes, y compris de la Crimée, et garanties de sécurité pour empêcher toute future agression. L’Ukraine continue de militer pour une adhésion à l’OTAN, bien que cette option soit rejetée catégoriquement par Moscou et par le président américain Donald Trump.
En alternative, des discussions ont été engagées avec les Européens sur la mise en place d’un contingent militaire occidental, en cas d’accord de paix, afin de dissuader toute reprise des hostilités. Là encore, Moscou s’y oppose fermement.
Alors que les discussions d’Istanbul reprennent, l’écart entre les visions russe et ukrainienne reste immense. Si ces pourparlers sont une avancée sur le plan diplomatique, la perspective d’une paix durable semble encore lointaine, tant les positions restent irréconciliables sur les sujets de fond : intégrité territoriale, souveraineté, sécurité régionale et légitimité politique.
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