Par ces temps troubles où l’humanité devrait primer, l’indifférence de nos autorités et de nos médias face aux traitements infligés aux Haïtiens en République dominicaine est tout simplement révoltante. Tandis que nos compatriotes y subissent humiliations et violences, ceux qui devraient élever la voix en leur nom observent un silence lourd de conséquences.

Dans cette mer de passivité, un nom reste gravé dans la mémoire collective : Dominique Dupuy. Cette ancienne représentante d’Haïti à l’UNESCO s’était distinguée par son courage et sa dignité. Lors de l’investiture du président dominicain Luis Abinader, elle avait refusé d’y assister en protestation contre la politique d’interdiction de visa imposée aux Haïtiens. « Si mon peuple n’est pas le bienvenu, je ne souhaite aucun privilège », avait-elle déclaré. Une gifle symbolique mais puissante, qui avait ébranlé le camp présidentiel haïtien.

Dans son bref passage au sein du gouvernement, Mme Dupuy a redonné fierté et humanité à l’image d’Haïti sur la scène internationale. Son discours vibrant à l’UNESCO reste un moment marquant :

> « Nous sommes dans une salle climatisée, pendant que mon peuple brûle ; nous lançons de grandes déclarations, pendant que le mien s’effondre dans l’abîme. »

Mais cette voix sincère et forte a rapidement été muselée. Les membres du Conseil présidentiel de transition et certains médias s’étaient empressés d’orchestrer son éviction. Triste ironie : ceux qui se sont le plus acharnés contre elle étaient souvent des Haïtiens bénéficiant de la protection de passeports étrangers.

Aujourd’hui, alors que les Haïtiens en République dominicaine continuent de souffrir dans le silence, il est plus que jamais urgent de se lever pour eux. Nous ne pouvons pas rester passifs, ni oublier que leur combat est aussi le nôtre. Le peuple haïtien mérite d’être défendu avec la même force et la même unité que celle mobilisée pour faire taire Dominique Dupuy.